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    Le vieux baron des ravots

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    Le vieux baron des ravots Empty Le vieux baron des ravots

    مُساهمة  wanted الأربعاء فبراير 10, 2010 3:21 pm




    Le vieux baron des Ravots avait été pendant quarante ans le roi des

    chasseurs de sa province. Mais, depuis cinq à six années, une paralysie

    des jambes le clouait à son fauteuil, et il ne pouvait plus que tirer

    des pigeons de la fenêtre de son salon ou du haut de son grand perron.


    Le reste du temps il lisait.


    C'était un homme de commerce aimable chez qui était resté beaucoup de

    l'esprit lettré du dernier siècle. Il adorait les contes, les petits

    contes polissons, et aussi les histoires vraies arrivées dans son

    entourage. Dès qu'un ami entrait chez lui, il demandait :


    "Eh bien, quoi de nouveau ?"


    Et il savait interroger à la façon d'un juge d'instruction.


    Par les jours de soleil il faisait rouler devant la porte son large

    fauteuil pareil à un lit. Un domestique, derrière son dos, tenait les

    fusils, les chargeait et les passait à son maître ; un autre valet,

    caché dans un massif, lâchait un pigeon de temps en temps, à des

    intervalles irréguliers, pour que le baron ne fût pas prévenu et

    demeurât en éveil.


    Et, du matin au soir, il tirait les oiseaux rapides, se désolant quand

    il s'était laissé surprendre, et riant aux larmes quand la bête tombait

    d'aplomb ou faisait quelque culbute inattendue et drôle. Il se tournait

    alors vers le garçon qui chargeait les armes, et il demandait, en

    suffoquant de gaieté:


    "Y est-il, celui-là, Joseph! As-tu vu comme il est descendu ?"


    Et Joseph répondait invariablement:


    "Oh ! monsieur le baron ne les manque pas."


    A l'automne, au moment des chasses, il invitait, comme à l'ancien

    temps, ses amis, et il aimait entendre au loin les détonations. Il les

    comptait, heureux quand elles se précipitaient. Et, le soir, il

    exigeait de chacun le récit fidèle de sa journée


    Et on restait trois heures à table en racontant des coups de fusil.


    C'étaient d'étranges et invraisemblables aventures, où se complaisait

    l'humeur hâbleuse des chasseurs. Quelques-unes avaient fait date et

    revenaient régulièrement. L'histoire d'un lapin que le petit vicomte de

    Bourril avait manqué dans son vestibule les faisait se tordre chaque

    année de la même façon. Toutes les cinq minutes un nouvel orateur

    prononçait :


    "J'entends : "Birr ! birr !" et une compagnie magnifique me part à dix

    pas. J'ajuste : pif! paf! j'en vois tomber une pluie, une vraie pluie.

    Il y en avait sept !"


    Et tous, étonnés, mais réciproquement crédules, s'extasiaient.


    Mais il existait dans la maison une vieille coutume, appelée le "conte

    de la Bécasse".


    Au moment du passage de cette reine des gibiers, la même cérémonie

    recommençait à chaque dîner.


    Comme il adorait l'incomparable oiseau, on en mangeait tous les soirs

    un par convive ; mais on avait soin de laisser dans un plat toutes les

    têtes


    Alors le baron, officiant comme un évêque, se faisait apporter sur une

    assiette un peu de graisse, oignait avec soin les têtes précieuses en

    les tenant par le bout de la mince aiguille qui leur sert de bec. Une

    chandelle allumée était posée près de lui, et tout le monde se taisait,

    dans l'anxiété de l'attente.


    Puis il saisissait un des crânes ainsi préparés, le fixait sur une

    épingle, piquait l'épingle sur un bouchon, maintenait le tout en

    équilibre au moyen de petits bâtons croisés comme des balanciers, et

    plantait délicatement cet appareil sur un goulot de bouteille en

    manière de tourniquet.


    Tous les convives comptaient ensemble, d'une voix forte :


    "Une, - deux, - trois."


    Et le baron, d'un coup de doigt, faisait vivement pivoter ce joujou.


    Celui des invités que désignait, en s'arrêtant, le long bec pointu

    devenait maître de toutes les têtes, régal exquis qui faisait loucher

    ses voisins.


    Il les prenait une à une et les faisait griller sur la chandelle. La

    graisse crépitait, la peau rissolée fumait, et l'élu du hasard croquait

    le crâne suiffé en le tenant par le nez et en poussant des exclamations

    de plaisir.


    Et chaque fois les dîneurs, levant leurs verres, buvaient à sa santé.


    Puis, quand il avait achevé le dernier, il devait sur l'ordre du baron,

    conter une histoire pour indemniser les déshérités.

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